Vincent Charlot
Biodynamie et labeur
Peu de vignerons champenois ont une connaissance aussi poussée et profonde de la biodynamie que Vincent Charlot. Une visite à son domaine à Mardeuil, tout près d’Épernay, est en quelque sorte une masterclass sur la vitalité des sols et les décoctions de plantes.
Pour Vincent, comme la plupart des vignerons investis dans le bio, tout commence avec le sol. À ce titre, il n’est pas en faveur du travail du sol, ayant la conviction que le labour est plus nuisible pour les microorganismes qu’il n’est avantageux pour la santé du sol. Il est d’avis qu’une végétation adaptée décompacte suffisamment le sol, tout forçant les vignes à approfondir leur système racinaire afin de capter la véritable essence du terroir.
Vincent est aussi quelqu’un d’intègre qui ne prend aucun raccourci. Depuis 2013, ses deux marques de champagnes sont certifiées Demeter. Cependant, il ne le met de l’avant que sur Champagne Vincent Charlot. Il considère que la biodynamie laisse moins une empreinte perceptible sur les petites parcelles, ce dont Champagne Charlot-Tanneux est majoritairement composé de.
Pour le néophyte, le nombre d’étiquettes peut être déroutant, considérant qu’il produit une quinzaine de cuvées par année, avec un total de 26-27 cuvées (!). Cette vision requiert une impressionnante quantité de labeur puisqu'il travaille majoritairement seul sur ses 4,2 hectares séparés en 34 parcelles étalés sur 6 communes de la Vallée de la Marne et des Coteaux Sud d'Épernay. Vincent préfère manipuler ses vins du début jusqu’à la fin. La plupart des vignerons de cette taille embauchent un prestataire pour aider au dégorgement, mais pas Vincent qui lui possède son propre chantier de dégorgement. Après avoir gelé les cols, il dégorge toutes ses bouteilles à la volée : « je veux être présent à la naissance de mes vins ». Ce qui explique aussi pourquoi il ne produit qu’une petite quantité de champagnes par année, environ 35 000 bouteilles.
En vinif, il n’utilise que des barriques usagées et des amphores pour la fermentation par levures indigènes. La majorité des cuvées ne reçoivent qu’un peu de soufre au pressoir, mais aucun autre intrant par la suite, car ses vins ne font naturellement pas la malo. Un peu fermés juste après avoir été débouchés, ses champagnes bénéficient grandement d’un peu de patience après avoir été ouverts. Question dosage, même considérant qu’ils sont généralement plus structurés, Vincent préfère ajouter un peu de MCR bio (la plupart de ses champagnes sont extra-brut), ce qui à son avis aide au transport et au vieillissement.
En prenant en compte sa démarche, la qualité de ses vins, son expérience à travailler de façon qualitative, nous sommes d’avis que Vincent mérite davantage de visibilité. Nous vous encourageons fortement à découvrir le fruit de son labeur.